C’est par une matinée brumeuse de novembre que nous avons eu la chance de démarrer la journée avec le photographe Frédéric Pelletier.
Armés de nos cafés, prêts à affronter l’humidité de l’automne, nous nous engouffrons dans la noirceur du matin, parés à découvrir les plantes carnivores cachées au milieu des terres humides du secteur de Lanaudière.
C’est après plus de 40 minutes de trajet que nous arrivons enfin à une localisation propice à la présence de plantes carnivores dans le secteur de Lanaudière. Nous descendons donc du véhicule, excités par cette première expédition et rempli d’appréhension face aux espèces que nous sommes venus découvrir dans leur milieu naturel.
Au Québec, on peut compter plus d’une quinzaine de plantes carnivores tel qu’indiqué au sein de notre article précédemment écrit sur Carnivorex: Plantes Carnivores au Québec – Carnivorex.
Capsule informative #1: Les grandes familles de plantes carnivores au Canada
Ces plantes carnivores sont déclinées au sein de 3 grandes familles que le Canada accueille:
Famille des Sarracéniacées
Cette variété de plantes regroupe des espèces ayant des pichets en guise de pièges. Ces pichets regorgent d’un liquide composé d’eau et de liquide digestif qui permet de dissoudre les insectes qui y tomberaient.
Famille des Droséracées
Les droséras sont munies de pièges collants permettant d’attraper des insectes aventureux. Plus les insectes bougeront, plus les petits poils s’y colleront, puis, l’insecte sera dissout avec le temps par les sucs digestifs contenus dans la colle des pièges.
Famille des Lentibulariacées
Deux grandes catégories composent cette famille, les pinguiculas et les utriculaires.
Les pinguicula sont des plantes grasses ayant de microscopiques gouttelettes, fatales pour les petits insectes s’y posant.
Les utriculaires ont leurs pièges au niveau de leur système racinaire. La plupart sont aquatiques, cependant l’utriculaire cornuta est la seule espèce à être semi-terrestre. Leurs pièges sont de petits sacs qui se gonflent une fois que le déclencheur est stimulé. Le gonflement de cette poche aspire donc les petits organismes qui auraient déclenché le piège.
De retour à l’expédition
C’est alors qu’à ce premier point de vue, Frédéric a eu l’opportunité d’immortaliser une prise de vue qui caractérise bien la suite des événements pour nous. Une lueur violacée que le soleil nous offrit dans un décor brumeux digne d’une matinée d’observation des orignaux en secteur sauvage.
C’est ainsi, émerveillé par cette prise de vue autant lugubre que réconfortante, que nous décidons d’aller explorer une petite anse s’avançant dans cette eau calme et sombre. Premier indice, un tapis vert, d’une mousse dense et humide, le terreau idéal pour les plantes carnivores, la fameuse tourbe de sphaigne.
Très heureux d’avoir trouvé cette mousse adorée par les plantes carnivores, nous nous redirigeons vers le véhicule afin d’explorer davantage cet endroit mystérieux et accueillant.
Nous passons par les champs de cultivateurs, sommes émerveillés par l’étendue de cet espace et arrivons finalement à l’orée d’une forêt intrigante. Les arbres sont placés d’une manière à former une haie d’honneur. Nous invitant à poursuivre notre quête afin de découvrir ces fameux joyaux de la nature que sont les plantes insectivores.
Nous arrivons donc près du deuxième lieu que nous avions ciblé préalablement grâce aux vues satellites offertes par Google Maps. Frédéric et moi débarquons de notre véhicule et nous attelons à poursuivre à la marche notre expédition en s’enfonçant dans les terrains forestiers et tourbeux de la région de Lanaudière.
Nous arrivons donc près d’un espace où un petit ruisseau coule tranquillement, puis soudainement, une petite tête sort de l’eau et un corps poilu émerge. Il s’agissait d’un petit castor, nous guidant dans notre périple. Stimulés par cette rencontre, nous avançons de plus en plus dans la brousse. À l’affût de toute couleur pouvant contraster avec les feuilles mortes d’automne. Nous recherchions des couleurs rouge vif, presque bordeaux dans des amas de feuilles et de sphaigne. Mais pour le moment, uniquement cette petite mousse de sphaigne accompagnait notre persévérance et notre excitation.
Nous nous démenons, accroupis près du petit ruisseau, faisant attention à chaque pas afin de préserver cette nature luxuriante. Puis soudain, nous appercevons des blocs de béton, près d’un chemin de fer. Près de ces blocs de béton, se trouvait une aire semi-inondée, un terrain favorable à la présence de plantes carnivores. Cependant, au lieu de trouver une petite merveille de la nature, nous sommes tombés sur une horreur de l’humanité. De vieilles cannes d’huiles datant de plus de quelques décennies. Cela nous rappelle que même dans le creux de terrains où la biodiversité est à son maximum et à proximité d’endroits où des plantes en voies d’extinctions peuvent être aperçues, des scènes de non-respect de la nature sont perpétrées depuis très longtemps.
C’est pourquoi, grâce à nos expéditions, Carnivorex aura pour mission d’exposer ce type de trouvaille afin de sensibiliser nos lecteurs au respect de la nature et de la vie.
C’est ainsi que nous poursuivons nos recherches, un peu ébranlé par ce que l’on vient de trouver, mais toujours aussi optimiste à trouver des plantes carnivores. Nous nous étions préparés à trouver majoritairement des Sarracénias Purpurea. Une plante ayant des pichets nervurés. Au printemps, ces pichets sont plutôt verts, cependant, dès qu’ils sont exposés à un soleil intense, ces pichets sont amenés à se colorer jusqu’à devenir de couleur rouge très foncé.
Nous avançons dans notre itinéraire et soudainement, le terrain change de topographie. Il s’agit plutôt, d’un espace avec de petits buissons et où la sphaigne est omniprésente. De petits mélèzes se dressent devant nous, le lichen et la mousse est omniprésente. Nous sommes à l’entrée de ce qu’on appelle, une tourbière. Un endroit mythique et ancien. L’accumulation de tourbe peut être de l’ordre de 30 cm à 50 cm d’épaisseur. Ces espaces sont souvent créés en fonction de deux phénomènes naturels.
Capsule informative #2: Création de tourbières
Le comblement: L’accumulation de tourbe s’effectue sur un marais ou un petit lac que la végétation envahit. Cela formera un tapis de végétation flottant. Cela créera donc une accumulation de matière organique aux bords et dans le fond du plant d’eau. Ce dernier se repliera au fil de centaines d’années et c’est ainsi que la tourbière se formera.
La paludification: Cette création de tourbières se produit sur la terre ferme elle peut couvrir d’énormes surfaces. La paludification débute lorsqu’un mauvais drainage des sols est observé dû à des périodes climatiques fraîches et humides. Les mousses commencent lentement à prendre du terrain. Le niveau du sol s’élève au fur et à mesure que la tourbe s’accumule sous les sphaignes, étouffe les arbres par asphyxie et la tourbière se forme.
Source: Groupe de recherche en écologie des tourbières
De retour à l’expédition
C’est ainsi que nous marchons, respectueusement de tout organisme vivant, en nous assurant de laisser cette nature avec le moins de traces de notre passage. Puis, dans ce tapis verdoyant parsemé d’arbustes et de conifères, une tache bourgogne nous apparaît.
La Sarracenia Purpurea, se dévoile, plante mythique, utilisée en concoction médicamenteuse par les premières nations afin de combattre la variole au XVIIe siècle.
C’est à ce moment que Frédéric et moi venons de comprendre, que les plantes carnivores existent réellement en milieu naturel. Encore plus difficile à comprendre pour nous, nous avons la preuve qu’elles existent à pas moins d’une heure de nos domiciles. Ces plantes, rares, en voie d’extinction, sont le symbole de la résilience. Elles vivent dans des conditions où la majorité des autres plantes ne vivent pas, au royaume de la mousse et des sols acides. Ces plantes ont développé des mécanismes afin de se nourrir par les airs plutôt que le sol, faute de nutriments.
Puis, bien qu’elles aient un type d’adaptabilité hors du commun, leur plus grand ennemi est désormais la destruction de leur habitat, par les changements climatiques et les projets de développements immobiliers qui rasent ces environnements riches en biodiversité.
C’est donc pourquoi il nous fait plaisir de faire ces expéditions afin de faire la lumière sur ces espèces méconnues qui sont une des plus belles preuves que la nature est en constante évolution et adaptation. Nous vous disons à la prochaine aventure! Puis, vous laissons avec ces belles images prises par notre photographe et partenaire Frédéric Pelletier.
Je n’en reviens pas de la beauté de ces images, la beauté de ces plantes
En plus un récit captivant qui se vit comme une aventure à la découverte de ce paradis perdu aux portes de chez nous
Bravo à ceux qui nous le font découvrir
Mathieu pour ton récit captivant et ton enseignement sur ces plantes mythiques
Bravo Frédéric pour la beauté et la poésie de tes photos
Bravo à carnivorex de diffuser ces découvertes rares
Merci pour tes bons mots Michel!!
Merci Michel pour ce beau commentaire! Ce n’est qu’un début!
Bravo Mathieu ,
Dans un premier temps je ne savais pas que tu avais une telle passion pour ces plantes.
J’ai lu avec intérêt ton expédition dans la belle région de Lanaudière.
Tu me fais découvrir une plante ou plutôt une famille de plantes que je ne connaissais aucunement .
Les photos sont superbes.
Bonne continuation dans ton projet avec ton collègue Frédéric.
Merci beaucoup Mario 🙂 À bientôt!
J’ai appris plein de choses bien intéressantes! Merci
Merci Nicolas!! Très heureux que tu en aies appris davantage sur les plantes carnivores :)!
Bonjour Mathieu et Frédéric,
Des plantes carnivores au Québec!? Ben voyons donc.
Vous m’avez appris plein de choses.
Votre site est magnifique. Les textes .qui se lisent comme une aventure, sont aussi pédagogiques, une belle réussite. Les photos, signées par un artiste, viennent ajouter encore plus de poésie à l’ensemble.
Une vraie belle découverte.
Cordialement
Daniel Puskas.
Grand merci Daniel!! Ton commentaire nous fait chaud au coeur!!
Mathieu